Une histoire mouvementée et un avenir encore incertain
La Fuite en Égypte au voyageur couché est un tableau peint en 1657-1658, connu par une gravure de Pietro del Po, qui réapparaît en 1986 dans une vente aux enchères à Versailles. L’oeuvre mise en vente est alors considérée comme émanant de l’entourage du peintre Nicolas Poussin, et mise à prix 12 300 euros. Acquise par des marchands parisiens pour 247 000 euros, elle est nettoyée, exposée, publiée… puis authentifié comme oeuvre originale de l’artiste.
L’ancien propriétaire, s’estimant lésé par la vente aux enchères, demande alors à la justice la restitution du tableau, obtient gain de cause, récupère l’oeuvre et décide de la remettre en vente, mais cette fois pour une coquette somme avoisinant les 15 millions d’euros.
Le Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui ne possède aucune oeuvre de Nicolas Poussin, souhaite l’acquérir, notamment parce que son commanditaire – Jacques Serisier – était un soyeux de Lyon. Mais le musée peine à réunir la somme demandée malgré l’appui du Louvre, des entreprises lyonnaises et de la municipalité.
En août 2004 le tableau est classé Trésor national et interdit de sortie du territoire pour une durée de 30 mois, durée au delà de laquelle, s’il n’est pas acquis par l’Etat, le ministre de la culture est dans l’obligation d’en autoriser l’exportation. Un certificat de sortie – qui doit nécessairement être délivré dans les 4 mois – est donc attendu depuis le 11 février 2007.
Il ne reste donc plus que quelques jours au Musée des Beaux-Arts de Lyon pour faire une proposition suffisamment sérieuse au vendeur de la Fuite en Egypte, sans quoi le tableau pourrait être mis en vente à Londres ou à New York, chez Sotheby’s, Christie’s… ou ailleurs.
Sources :
• Grandes manœuvres pour conserver en France un tableau de Poussin, Le Monde, 16/02/2007
• Le Monde, éditorial du 17/02/2007
• Échange croûtes contre Poussin, La Tribune de l’Art, 17/02/2007