Musée du Louvre, aile Richelieu, 2e étage, salle 14
Huile sur toile, 160 x 221 cm
Le sujet est tiré de Diogène Laërce : Poussin immortalise le renoncement du poète et philosophe cynique Diogène, lorsqu’il décide de se dépouiller de son écuelle pour ne plus boire que dans sa main, à l’instar d’un jeune homme qu’il voit faire :
« Voyant un jour un petit garçon qui buvait dans sa main, il prit l’écuelle qu’il avait dans sa besace, et la jeta en disant : Je suis battu, cet enfant vit plus simplement que moi. »
Un des paysages les plus grandioses de tout le XVIIe siècle
Selon Pierre Rosenberg « L’oeuvre compte parmi les paysages les plus grandioses de tout le XVIIe siècle. La beauté et la diversité des bleus et des verts, l’étagement savant des plans, l’habile articulation des constructions et de l’abondante végétation, de l’eau et du ciel nuageux, la qualité des reflets dans l’eau sont autant de trouvailles que l’oeil découvre successivement avec bonheur. »
Peint vers 1657 plutôt qu’en 1648
Le tableau est identifié comme le « grand paysage où Diogène rompt son écuelle », mentionné par Félibien et peint selon lui en 1648. Denis Mahon, à partir de 1961 puis en 1995, a démontré que ce Diogène correspond davantage à une commande du duc de Richelieu datant des environs de 1657, avant celle de la série des Quatre Saisons.
Cette théorie a depuis été suivie par Friedlaender et de nombreux autres spécialistes de Poussin, dont Pierre Rosenberg, qui s’y est finalement rallié.
Le tableau dans le tableau
Le paysage avec Diogène fait partie des oeuvres reproduites dans le tableau peint par Samuel Morse en 1831, « Le Salon Carré du Louvre ».
Détails de l’oeuvre :
Ci-dessous la très belle gravure qu’Etienne Baudet a réalisée en 1701 à partir du chef-d’oeuvre de Poussin :
Légende de la gravure : « Dédié à Louis le Grand, Roi de France et de Navarre
Par son très humble, très obéissant serviteur et sujet Étienne Baudet
Le Poussin a peint sur le devant de ce tableau la rencontre que Diogène fit d’un jeune homme qui buvait de l’eau d’une fontaine dans le creux de sa main, ce qui engagea le philosophe à jeter par terre sa tasse dont il se servait auparavant et qu’il connut lui être inutile. Mais il parut que le peintre s’est ici particulièrement appliqué à faire un paysage qui donnait une idée avantageuse des environs de la ville d’Athènes. On voit d’un côté l’entrée de cette ville, de l’autre côté quelques maisons de plaisance situées proches d’une rivière fort large ; et tout le pays est peuplé de divers habitants, les uns se baignent, d’autres pêchent à l’hameçon, plusieurs se promènent ou se reposent, et des philosophes qui ne sont pas fort éloignés de Diogène s’entretiennent ensemble ou avec leurs disciples. »
Une leçon de philosophie
Écoutez la description de la toile faite par le philosophe Michel Onfray, qui la considère comme une véritable leçon de philosophie : « La culture est toujours défendable quand elle nous ramène à la nature ».